Complications [Victoria&Bella]

Une fine pluie balayait les rues de Port Angeles ce soir-la. Il faisait un peu froid, et les passants étaient rares. Au coin d’une rue, une jeune femme sortit de l’ombre. Sa chevelure rousse flamboyante détonnait du reste du paysage. Son manteau de fourrure blanche l’enveloppait, protecteur, bien qu’elle n’en n’eut pas besoin. Ses yeux d’un bourgogne sombre ne ratait pas un millimètre de ce qui se passait autour d’elle. Victoria, car tel était son nom, avait laissé les siens le temps d’une soirée, recherchant une odeur, celle qui la ferait frémir, celle qui la rendrait plus sauvage qu’elle ne l’était déjà. Elle marcha longtemps, respirant sans besoin l’air glacial de la soirée, rencontrant en passant des habitants sans intérêt particulier, a l’odeur des plus banales. Ce fut lorsqu’elle passa devant une petite librairie qu’elle s’arrêta brusquement. Sa tête, violemment, pencha vers l’arrière alors que ses narines se dilataient. Elle se sentit tout a coup fébrile, et elle du se contrôler pour ne pas entrer dans le bâtiment pour tuer tout ce qui s’y trouvait. Ses yeux devinrent d’un noir profond lorsque la petite clochette de la librairie retentit. Elle recula, vive comme l’éclair, pour se tapir dans l’ombre. Inutile d’alarmer sa proie en pleine rue. Elle la surprendrait, alors qu’elle serait seule et sans défense. Elle la vit de dos, mais elle aperçu ses cheveux d’un brun chocolat, sa silhouette mince mais sans grâce particulière. Victoria sourit, aux anges, secouant sa crinière. La soirée s’annonçait… particulièrement amusante. Sans attendre, la nomade se mit a suivre l’humaine. Aucun de ses gestes, aussi futile soit-il, ne lui échappa. Elle la vit remonter sa veste – sans doute avait-elle froid. Puis, elle s’engagea dans les ruelles sombres. Le sourire de Victoria n’en fut que plus grand. Cette humaine était visiblement insouciante, et la nomade se glissa sans un bruit derrière elle. Sa stratégie était déjà claire dans sa tête. Il ne fallu que quelques secondes pour échafauder son plan, puis elle était prête à le réaliser. L’humaine continuait de marcher, l’air à chercher son chemin. Victoria pouvait entendre son souffle régulier, qui s’intensifiait de secondes en secondes. Était-ce par peur ? Ou simplement parce qu’elle paniquait de ne pas trouver sa route ? La rousse prit un élan et sauta, pour atterrir à quelques centimètres de sa proie, qui recula, surprise et effrayée. Victoria l’observa une fraction de seconde. Peau pâle, yeux bruns. Seule son odeur détonnait. L’humaine la fixait sans rien dire, et Victoria eut un sourire.

Victoria continua à observer sa victime, affolée. Son odeur la rendait folle. C’était un délicieux arôme. Jamais elle n’avait senti cela auparavant. Et pour le moment, tout ce qui l’intéressait était son sang. Elle sourit, l’air maligne, attendant la réaction de l’humaine.